Recto
. 24 décembre 1917
. Ma Jeannot chérie
. Aujourd’hui je n’ais rien reçu de
toi j’espère que ce n’est qu’un retard
de la poste et que demain je pourrai te
lire et avoir de bonnes nouvelles de mes
deux gosses chéries.
. J’ais reçu une carte du Georges
qui me fait savoir qu’il est au dépôt
divisionnaire du 6ème chasseurs, car a
son retour de Montbrison il n’a pût
rejoindre le 46e qui, parait-il, a été
dissous. Il me dit que pour le moment
il ne s’en fait pas mais il ne pense pas
rester longtemps. Il est en Alsace.
. Mamie chérie. Ce matin a
6 heures nous nous mettions en route
Comme tu peux te le penser, il ne fai-
sait pas chaud bien au contraire.
A la deuxième pause nous avons
voulu manger et boire un canon
mais pain et vin étaient gelés,
heureusement que le pain n’avait
pas trop de mal, nous avons mangé
tout de même, quant au vin il
était aussi épais que de la confiture
il était gelé complètement.
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Nous nous sommes appuyé 25 Km
nous sommes arrivés vers les midi
Les pieds me faisaient bien mal
Nous sommes cantonnés dans les
granges d’un village, nous allons
nous coucher comme nous pourrons et
je crois bien que nous ne transpirerons
pas pendant notre sommeil.
. Demain nous repartons d’ici. En-
core une bonne trotte à nous appuyer
à peu près comme aujourd’hui.
Le matin vers les 10 heures le soleil
s’est montré, il faisait moins froid
mais après-midi, il faisait presque
aussi froid que le matin. J’ais les
pieds gelés. Pourtant je t’écris d’un
baraquement qui sert que salle
de réunion, nous y sommes nombreux
et serrés et il y a un petit poêle ce
qui fait que nous avons un peu
moins froid mais ça fume et ça
fait cuire les yeux ce qui n’est guère
pratique pour écrire.
. Et toi Mamour. Que
fais-tu ? . J’espère que tu te porte
bien ainsi que notre gentille pe-
tite Zizou que tu biseras bien fort
pour son papa qui ne vous oublie
ni l’une ni l’autre.
. Au revoir ma Nonot.
A demain le plaisir de te lire
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Je n’aime pas rester sans nouvelles de
mes deux êtres chers.
. Bien le bonjour à ta mère, à ta
grand-mère, à chez moi à toute la fa-
mille. Bonne santé et bonne chance
à tous.
. Ton petit mari qui continuellement
pense à toi et à notre gamine.
. Je t’aime bien … bien et t’envoie mes
plus douces caresses et bisettes en atten-
dant le retour de jours plus heureux.
. La paix vivement que nous soyons a
nouveau réunis et pour toujours.
. Ton Simon qui t’embrasse bien
tendrement comme autrefois. Souviens
toi ! Je t’adore et j’attend !
A demain Simon Collay
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