Recto
. 23 juillet 1918
. Ma Jeannot chérie
J’ais lu hier soir avec beaucoup de plai-
sir tes deux lettres du 16 et du 17 courant.
Seulement vous avez une chaleur très pénible
qui vous fatigue beaucoup. En plus il fait
un vent terrible qui fait tomber tous le
grains des épis et abat toutes les poires. Il faut
toujours quelque chose pour finir d’abimer la
situation. Tu me dis que notre Zizou se porte
toujours bien … Tant mieux ! J’espère qu’il en
sera toujours ainsi et qu’elle fera une grande
fille bien forte et bien portante.
. Petite fenotte. Je ne t’écrirai pas longue-
ment car je ne suis toujours pas à mon aise
pour écrire. Hier soir nous avons déménagé
mais nous ne sommes pas allé loin. Pour le
moment nous sommes logés dans une espèce
de grande cave creusée dans une butte, c’est
très profond et une fois dedans on ne risque rien
des obus : seulement nous sommes arrivés les
derniers et comme c’était déjà plein toute la
nuit je suis resté assis, je n’ais pas pû me cou-
cher. Ce matin les anglais ont attaqué de nou-
veau ce matin ; j’ignore le résultat. Pour nous
nous ne sommes pas pour rester ici ; ce soir
nous allons redéménager à nouveau et sans
aucun doute remonter en ligne à nouveau.
La relève ? … il n’en est pas question. Pour-
Tant tu peux me croire qu’il y en a bien mare.
. En ce moment il pleut. Drôle de temps
si ça continu ce soir nous allons prendre une
bonne douche. – Enfin ! Espérons que tout se
passera du mieux possible et que la chance
ne nous abandonnera pas.
. Au revoir ma Jeannot des bois. J’espère
pouvoir te relire tout à l’heure et t’apprendre
en bonne santé ainsi que notre fille et tous
ceux qui nous intéressent. Mille bises à notre
gamine et un grand bonjour et bien des choses
à ta mère, à ta grand-mère, à chez moi, a
toute la famille. Bonne santé et bonne chance
à tous et vivement que j’ais la joie de vous revoir
tous. J’attends impatiemment et les jours me
paraissent horriblement longs. Vivement la fin
de cette horrible guerre et le retour à une vie
meilleure et plus digne de gens civilisés.
ton petit mari qui t’aime passionnément et t’embrasse
bien fort des millions de fois. A demain ! …
Verso
( à l’envers )
Je te renvoi trois de tes lettres. Dis-moi
quand tu les recevras.
Ton Simon entièrement à toi
. Collay
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