Recto
. 20 novembre 1915
( diagonale en haut à gauche :
Je t’aime
Bonjour de mes
camarades
j’ai reçu les les enveloppes
. qui étaient dans tes
. lettres )
. Ma bien chère petite femme
On vient de me remettre tes lettres du 15 et
du 17 courant. Tu me dis que tu as été indis-
posée, heureusement que ça n’a pas été grave
et j’espère que ma lettre te trouvera en parfaite
santé ainsi que tous ceux qui nous sont
chers. Tu as commencé de travailler à l’usine
et tu espère pouvoir faire sortir une bonne
journée, mais voilà c’est fatiguant ; travail
mais inutile de te surmener, conserve toi en bonne
santé car la maladie est toujours dangereuse.
Le Zizou ne s’est pas aperçue de ton absence
cela ce comprend du moment que ta mère est
toujours prête à lui satisfaire ses fantaisies ; elle
te voit le soir ce n’est pas comme si tu étais plu-
sieurs jours éloignée. Ma Jeannot ! je ne com-
prend pas bien pourquoi si tu gagnais 3f par
jour on te supprimerais ton allocation, il n’y
a aucune loi qui le permettre et si ça t’arri-
vait préviens moi aussitôt et dis le à mon père
en réclamant aussitôt je ne pense pas que l’on
insiste. Quelque soit ton salaire tu as droit
à l’allocation, il n’y a aucune loi qui puisse
te l’interdire. Ma Jeannot ! notre soirée
d’hier a été bien remplie, comme les jours
précédents nous sommes rentrés à la nuit
Aujourd’hui il y a eu marche de régiment
Verso
la compagnie est partie à 6h ½ elle est rentrée
à 2h1/2. J’ai réussis à couper à cette marche ;
comme je tirais un peu la jambe, hier, l’adju-
dant m’a fait nommer de service au poste
qui est à l’issu du village. C’est de là que
je t’écris. J’ai froid au pieds et j’ai mon équi-
pement sur le dos, c’est te dire que je ne suis
guère à mon aise pour faire une lettre.
. Enfin ! La santé se maintient tout de même
Je tousse un peu mais ce n’est rien. Demain
je pense pouvoir t’écrire plus longuement
Oh ! je n’en suis pas sûre, car à présent je ne suis
jamais sûre de rien. Voilà deux ou trois jours
que tout nous entendons gronder le canon
fortement au loin. Que se passe-t-il ? Je
l’ignore ! resterons-nous longtemps où nous
sommes ? Je n’en sais encore rien ! Où irons-
nous ? je ne le sais pas. La situation est très
grave dans les balkans, y-aura-t-il répercution
sur notre front ? Possible. Il y a quelques
articles qui nous laissent entrevoir que l’allemagne
désire désirerait la paix ? est-ce réel ou
est-ce du bluff ? Je ne sais. Attendons !
Patientons, voilà 15 mois que nous répétons
ces paroles il faut éspérer que bientôt le résul-
tat viendra. Au revoir ma petite femme
chérie. Ton Simon t’aime bien…bien.
de toutes ses forces. Je t’embrasse bien fort sur
tes lèvres. Souviens-toi des 7 jours si courts !
Mille bisettes au Zizou. bien des choses à mes
parents et frères, ainsi qu’à ta mère et grand-
mère. Bonne santé à tous. Je vous embrasse
tous bien fort en attendant l’heureux jour qui
nous réunira. Ton petit homme qui t’adore
. Simon Collay
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