Recto
. 2 mai 1917
( en haut à gauche :J’ais trouvé/
ces fleurs dans / des jardins par ici)
. Petite femme chérie
. Hier je n’ais pas eu de lettre,
pas de nouvelles de mes deux gosses que je
n’oublie pas une minute. J’espère avoir plus
de chance ce soir et vous lire en parfaite
santé, sans qu’il ne se soit rien produit
d’embêtant pour aucun de ceux qui me
sont chers et qu’il me tarde bien de revoir
. Avez-vous toujours beau temps ?
J’espère que oui ! que vous avez du soleil
Verso
et de chaleur comme nous en avons par ici
Ca ferait peut-être renaître la vigne et faire du
bien à toutes les récoltes. Ce serait bien nécessaire.
. Rien de changé pour moi depuis hier
Nous sommes toujours au même endroit et nous
avons un temps superbe. La nuit passée je ne
suis pas allé au travail et je n’ais pas été déran-
gé ce qui m’a permis de faire une bonne nuit,
j’ais pas mal dormi.
. Hier soir nous avons essayer de faire l’espè-
ce d’achi que je t’avais dit. Nous avons couper
le cochon et le bœuf en petits morceaux et nous l’avons
passé sur le feu, en guise de beurre nous avons mis
de l’eau ; une fois que ça été chaud nous y avons
coupé de l’oseille que nous avons bien mélangé.
C’était mangeable mais ça ne vaut pas comme tu
le fais. C’était chaud, c’était bon – tous les jours pas-
sés nous avions mangé froid.
. On parle que nous serions relevé, peut-être
la nuit qui vient… Nous irions pour quelques
jours à une dizaine de kilomètres à l’arrière.
Ce serait pas malheureux… Je pourrais me débar-
bouiller comme il faut, me changer et laver mon
linge, il me semble que je suis plein de vermine
j’ais peut-être bien quelques poux, il n’y aurait
rien de surprenant. Nous vivons comme de véri-
tables brutes. Quand donc que ça finira et que
je pourrai vivre en homme civilisé près de ma
Jeannot des bois et de notre gentille petite Zizou.
Quel bonheur serait le notre mamie chérie.
Aurons-nous cette chance ! – Espérons jusqu’au
bout et vivement la Paix que nous soyons réunis
pour toujours et que nous puissions goûter en paix
une vie commune et tranquille. Attendons et
tâchons de patienter ; nous avons, peut-être, de
beaux jours à vivre ensemble. Qu’ils viennent
vite. Je bien impatient !
. Et toi ! petite fenotte. Que fais-tu ? J’attend
ce soir pour pouvoir te lire tes lettres sont bien
attendues et lues avec plaisir. Je suis ennuyé dès
que je reste un jour sans te lire.
. Au revoir ma Nonot ! A demain !
Embrasse bien cette petite polissonne de Zizou pour
son papa qui pense à vous constamment et qui
vous envoi des millions de bisettes et de tendres ca-
resses. Bien le bonjour à tous nos chers parents
qui, je le souhaite, sont tous en bonne santé.
Bonne chance à tous et au plus tôt la Paix que
je puisse vous rejoindre.
. Ton petit mari entièrement à toi et qui
t’envoi toute sa tendresse en t’embrassant bien
fort des milliers de fois sur tes lèvres… Souviens-
toi les beaux jours vécus ensemble.
. Je t’aime bien… bien… de tout mon cœur plein
de notre amour bien grand et sincère. Je ne
puis être heureux que près de toi et j’attend !
. Ton Simon Collay
Je te renvoi deux de tes cartes
et une de tes lettres.
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