Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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2 janvier 15 : On nous parle beaucoup de patrie et on nous parle jamais d’humanité

2 janvier 2015 Laisser un commentaire

Recto   

2 janvier 1915

Ecrivez moi le plus souvent possible

Recto

Chère femme, chers oncles et parents
J’attend de vos nouvelles avec beaucoup d’impatience, car
depuis la carte du 21 décembre je n’ai plus rien reçu de vous.
Je suis inquiet car je me demande si c’est que vous ne m’écri
vez pas ou si vos lettres ne m’arrivent pas, car mes camarades
eux reçoivent assez normalement leur correspondance. Ecrivez
moi le plus souvent possible je suis trop ennuyé quand je reste
sans avoir de vos nouvelles. J’espère que ma lettre trouvera tou
te la famille en bonne santé et que rien de contrariant ne
s’est produit pour personne. J’espère enfin que le commen
cement de cette nouvelle année ne vous a pas été défavo
rable et espérons tous une promtpe fin de cette maudite
guerre qui nous sépare et ne peut être qu’un malheur
pour les pauvres gens : que de veuves, que d’orphelins, que
de familles en deuils, c’en serait assez il me semble et je
suis à me demander ce que veulent les classes dig di-
rigeantes des différents peuples. Est-ce la ruine complè
te et la misère en perspective car si ça continue com
me on nous le laisse croire, il ne pourra en être autre
ment. Je suis au village en arrière des avants postes.
aujourd’hui, ce matin le 12e territorial est venu nous
rejoindre, nous ne savons qu’en penser, est-ce une

(en marge) Ma Jeanne. Si tu as des nouvelles de ton frère, n’oubli pas de me les faire
parvenir. Je vous aime toi et notre enfant bien fort, de toute mon âme
pleine de vous. Je t’embrasse Jeannot ! bien tendrement, comme quand
nous allions au bois.

 

Centre gauche

 

Pourquoi ne m’enverrai tu pas deux ou trois mots journellement

Centre gauche

attaque en perspective ? est-ce un départ, pour nous,
vers un autre front ? nous l’ignorons et nous atten
dons. Je viens de recevoir une lettre du Louis elle est
datée du 23, il ne me donne que de bonnes nouvelles
il se porte bien, il est lui aussi dans l’attente
d’un départ. Hier j’ai reçu un colis de monsieur
Barbier, il contenait : un saucisson, une boite de
langue de bœuf, deux tablettes de chocolats, deux pa
quets de tabac ; je vais lui écrire pour le remer
cier. Nous avons toujours la pluie, nous pataugeons
toujours dans la boue.
Ma bien chère femme :
Je me demande comment – il se fait que
je ne reçois que rarement de tes nouvelles, mes
camarades, eux, reçoivent assez facilement leur
correspondance : oublierais tu de m’écrire ou bien
alors que deviennent tes lettres ? Je m’ennui loin
de toi et de notre chère enfant, je m’ennui loin
de tous ceux qui me sont chers, vous devez le com
prendre, écrivez-moi souvent et toi ma Jeanne,
pourquoi ne m’enverrai tu pas deux ou trois
mots journellement, tu ne peux te figurer ce
que j’endure d’être loin de vous, toi tu as notre
enfant, tu as ses caresses : moi rien ! je vie au

 

Centre droit

 

milieu d’étrangers, de gens qui ne me sont rien,

C’est dur ! c’est bien dur ! et je suis bien las !

Centre droit

comprend cela Jeanne, réfléchi ce que peux en
durer un cœur plein d’amour et de tendresse.
Réfléchi ce que peut endurer ce cœur quand il est
privé de ceux qui lui sont chers. C’est dure ! c’est
bien dure ! et je suis bien las ! Attendre encore, tou
jours attendre et toujours rien qui puisse nous
faire prévoir une paix prochaine. On nous parle
beaucoup de patrie et on nous parle jamais d’hu
manité : On dit l’Europe civilisée, elle est folies
le barbarisme y règne en grand. L’ouvrier intelli
gent qui se laisse tuer . Enfin ! Espérons tout de
même . Ma Jeannot chérie, j’espère que notre
Zizou continu à bien se porter. qu’elle grandit
toujours et devient de plus en plus intelligente.
Le temps me dure de vous revoir toutes les deux
j’attend de pouvoir vous embrasser bien fort et
recevez en attendant, mes chers gosses, recevez de
celui pour qui vous êtes tout, ses meilleures ca
resses, ses plus tendres baisers. Au revoir ! A
Bientôt ! Je vous aime, je vous aime de tout
mon être et j’attends toujours de vous revoir, je
ne pense qu’à cela. Où est-elle la belle vie d’au
trefois ? quand reviendra-t-elle. J’attend

 

Verso

j’attends avec impatience de vous revoir tous et de pouvoir vous embrasser bien fort

Verso

Cher oncle
J’espère que tu es toujours en parfaite santé
ainsi que mes parents et l’oncle de la Craze. J’es
père que ton travail de fin d’année est terminé et
qu’enfin tu peux te reposer un peu. Je souhaite
de tout mon cœur le rétablissement de ton patron
et de Berger et j’attends avec impatience de vous re
voir tous et de pouvoir vous embrasser bien fort. Je
m’ennui loin de vous tous qui m’êtes chers. La vie que
je mène devient de plus en plus pesante et j’at
tend la liberté avec impatience.
Cher oncle : je t’aime ! tu ne dois pas en douter
mais je tiens à te le dire tout de même. Je t’aime et
j’ai aimé notre pauvre défunte ma tante, ma
seconde mère. Je te remerci pour tout ce que tu as
fais et ce que tu fais toujours pour les miens. J’attend
de te revoir et de te remercier comme je le dois. Au revoir
au plus tôt possible de t’embrasser de tout cœur.
Bien des choses à mon père et à ma mère, je ne
les oublie pas et pense à eux. Je les embrasse eux
aussi bien fort. Je vous aime tous. Au revoir
Votre Simon Collay

 

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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