Recto
Le 17 janvier 1915
Chère femme, cher oncle, chers parents
Ma Jeannot : j’ai reçu tes lettres du
10-11-12 dans la journée alors que nous étions
en train de creuser des tranchées. J’ai eu beaucoup
de plaisir à lire tes lettres, elles m’ont remonté
un peu, c’est si pénible d’être sans nouvelles
de tous ceux que l’on aime et l’on n’est si heu
reux quand on reçoit de bonnes nouvelles de toute
sa famille. Je t’écris à la bougie et nous sommes
encore de service cette nuit. Je me porte bien et
j’en souhaite autant à vous tous qui m’êtes
chers. Je suis bien content de savoir que ma
Jeannot et mon petit Zizou que j’adore se portent
bien toutes les deux. Je suis heureux d’apprendre
que notre enfant fait des progrès incessants et
quelle joie j’aurais au retour de la retrouvé
grande et bien portante. J’y pense continuelle-
ment à ce jour heureux, je l’attend ! mais il ne
Centre gauche
vient pas vite. Attendre ! toujours attendre !
Enfin ! nous avons patienté jusque là, patientons
un peu plus, la fin viendra bien et le
bonheur reviendra bien aussi ! Ma Jeannot il est
bien malheureux que vous ne puissiez rien savoir
de ton frère. mais il ne faut pas désespérer pour
cela, attendons ! peut-être que de bonnes nouvelles
nous parviendrons. Je souhaite bien le bon
jours à ta mère et dis lui de ne pas se laisser
abattre avant d’avoir des preuves d’un malheur
irréparable, il y a en ce moment tellement de
situations compliquées que l’on ne peut être
sûre de rien tant que l’on ne reçoit rien de
formel. Espérons toujours ! peut-être l’ave
nir nous réunira tous et bien portants.
Je le souhaite et J’attend. Tu souhaite-
ra bien le bonjour à ma cousine, puisque
elle est à Montbrison, peut-être n’y sera-t-
Centre droit
plus quand ma lettre vous parviendra, en
cas de contraire dis lui que je forme les meilleurs
vœux pour son mari que je souhaite revoir
ainsi que ton frère, à la fin de cette guerre
maudite. En attendant, chère femme : ton
petit homme qui t’aime toujours bien
tendrement, t’embrasse bien fort et t’envoi
ses meilleures caresses. Soigne bien notre
Zizou qui devient si gentille, soigne notre
oncle qui a toujours été bons pour nous.
Et vivement que l’on soit tous réunis.
Ce doit être le frère de mon meilleur ca
marade qui est allé à la maison le temps
que tu étais absente, il devait justement
vous rendre visite. Que de douces caresses
en réserve pour mes deux gosses chéries.
Comme vous me manquez toutes deux.
Au revoir ! ma Jeannot. Au revoir mon Zizou
( ligne au dessus traversant les deux pages : fin de la lettre
Je vous aime bien tous et j’attend avec impatience de reprendre
ma place près de vous . Votre Simon)
Verso
Cher oncle :
Je suis content d’apprendre
que tu es en excellente santé de même
que mes parents et je l’espère l’oncle de la
Craze. Je souhaite que rien de contrariant
ne se produise pour aucun de ceux que j’ai-
me et que le temps me dure de revoir. Je
m’ennui loin de vous tous, j’attend la fin
avec impatience et en attendant de bonnes
nouvelles de vous tous. J’espérais que Joanny
avait enfin trouvé du travail, malheureuse-
ment il n’en est rien. Pour moi c’est toujours
la même vie où à peu près. J’attend la fin !
Dans 2 ou 3 jours il va falloir remonter aux
avants postes, la perspective n’est pas drôle
mais il faut s’y soumettre. Vous me ferez savoir
le résultat du conseil quand le Georges l’aura
passé. Au revoir ! En attendant de vous lire
et d’avoir de bonnes nouvelles de toute la fa-
mille votre mari, fils, filleul et frère
vous embrasse bien fort. Au plus tôt
d’être réunis. J’attend
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