Recto
16 mars 1915
Chère femme, cher oncle, chers parents
Je viens de recevoir votre colis en très bon état et au com-
plet. Je vous remerci beaucoup. Je me porte toujours pas
trop mal et j’espère que ma lettre vous trouvera tous dans
le même état, que notre petite Zizou profite toujours
et remue [maintenant] ses petites jambes. Demain nous
devons êtres relevés pour une vingtaine de jours par les
tirailleurs algériens, nous allons aller au repos dans un
village nous ne savons lequel. Je n’ai pas de chance,
hier matin notre escouade arrivait d’un poste très
avancé à un autre, nous étions fatigués, a midi on
prend trois de nous pour travailler, les deux comman
dés avant moi se font porter malades, j’en fais de même
sur le cahier de visite le chef de compagnie marque que
nous nous faisons porter malade à la commande d’aller
aux traveaux, ce qui fait que le major un russe
Rouski nous joue la pièce et ne nous reconnais pas
c’est un homme très poli, dans la discussion il en est
arrivé a me demander si je faisait le maquereau,
je lui ai répondu que je n’avais pas cet avantage
et que dans ma famille nous avions l’habitude d’être
honnêtes
Verso
![Nous devons saluer même les caporaux](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/12-verso.jpg)
Ca devient stupide
et idiot c’est bien plus sérieux qu’en caserne
il a reconnu que j’étais enrhumé et que si j’y avais
été le matin il m’aurait reconnu. Enfin, résultat j’ai
8 de prison bienheureux si ça n’augmente pas. Cela
n’est rien, si la guerre se terminait ça n’aurait guère
d’importance, nous en avons assez ça devient stupide
et idiot c’est bien plus sérieux qu’en caserne, nous devons
saluer même les caporaux, une note du commandant
le brave Costemal l’exige. On va au repos mais
nous n’avons pas fini de faire des marches, l’exercice
excrime baïonnette, comme de vulgaires bleus, passer
des revues de toutes sortes nous serons un peu à l’arrière
mais nous n’avons pas fini d’être embêtés. Espérons
que les évènements se feront favorables à la paix, nous
n’attendons que cela. Au revoir à tous les amis.
Au revoir chère femme, cher oncles, père, mère
frère. Je vous embrasse bien fort en attendant
le jour heureux de vous revoir. Au plus tôt de vous
lire.
Votre fils, mari, fils, filleul, neveu et frère
Qui vous aime et pense à vous
Simon
Mes meilleures caresses Bien le bonjour
A mes deux gosses de mes copains
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