Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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12 août 1918 : c’est plein de puces, j’ai cru qu’elles allaient me dévorer tout vivant.

13 août 2018 Laisser un commentaire

Recto

Elle ne veut pas de petit frère, elle préfère une petite sœur.

Tu es en bonne santé.


.                                  12 août 1918
.                       Ma Jeannot chérie
.    C’est avec beaucoup de plaisir que j’ais lu
hier soir ta lettre du 6 courant dans laquelle
tu me dis que tu es en bonne santé ainsi que
Zizou qui est toujours polissonne. Elle ne
veut pas de petit frère, elle préfère une petite
sœur ; tu me dis que ce sera peut-être un
bien pour elle qu’il y en ai un autre, elle
obéira davantage car elle est jalouse, elle
ne peut supporter qu’on fasse aux autres
autant qu’à elle. Gare les premiers temps
qu’il y aura l’autre mami, elle va le regar-
der de travers ; mais elle s’y abituras et
elle deviendras sans doute plus sage. Je le
crois moi aussi. C’est qu’elle a grand be-
soin de se corriger ; et puis il va-t-y avoir
l’école pour la dresser un peu, ça n’y sera
pas tout pour elle là non plus et il faudra
bien qu’elle en prenne son parti.
.        Petite femme. Tu travaille toujours
tu me dis que tu as le temps de te reposer
après quand tu ne pourras plus. Si tu es
en bonne santé ça va et j’en suis bien

 

Prends tes précautions petite femme procure toi le nécessaire.

Ça abime la vigne qui dépérit.

Centre gauche
content. J’espère que ma lettre te trouvera
toujours aussi bien que possible, sans que
rien de facheux ne se soit produit dans la
famille.
.      Vous avez un temps bizarre, tantôt chaud
tantôt froid et le plus embêtant c’est que
ça abime la vigne qui dépérit. Il ne man-
quait plus que ça, il n’y a pas il faut toujours
quelque chose pour embêter. Il n’y a pas de
fruits, pas de pommes de terre. Je me deman-
de comment vous allez faire cet hiver.
Prends tes précautions petite femme procure
toi le nécessaire, fais tes provisions le plus
possible ; si tu peux te procurer du charbon
ne manque pas l’occasion car il se pourrait
que cet hiver ça manque de tout plus ou
moins.
.      Ma Nonot. Les lettres sont arrivées
mais aujourd’hui je n’ais rien de toi. J’espè-
re que ce n’est qu’un retard de la poste et
que demain je pourrai te lire et avoir de
bonnes nouvelles de tous ceux que j’aime et
que le temps me dure de revoir. Malheu-
reusement il faut encore attendre, tou-
jours attendre … ce que ça devient fati-
guant et insupportable. Rien de nou-
veau pour les permissions. Je ne sais pas
du tout quand viendra mon jour …
c’est désespérant. Enfin ! … il faut se ré-
signer car ça n’avance à rien de se faire
du mauvais sang. Mais tout de même
j’en ais mare. Je pensais tant partir ces
jours-ci … il n’y faut plus songer mais
c’est bien dure et je ne me résigne que
bien difficilement.
.        Attendons … et espérons malgré tout

 

Centre droit

Je vais aller couper de l’herbe pour m’y coucher dessus.

C’est traitre par ici.


Rien de nouveau pour moi depuis hier.
Nous sommes au même endroit et jusqu’a
présent tout s’est très bien passé
.        Je suis en bonne santé et nous avons
beau temps ; il fait même que trop chaud,
en ce moment le soleil tape fortement.
Cette nuit je n’ais guère pu dormir car
c’est plein de puces, j’ais cru qu’elles
allaient me dévorer tout vivant. Aussi
je me suis lever à 5h1/2. Il faut que je
tire des plans pour être plus tranquil pour
dormir, comme ça ça ne peut pas faire.
.        Ce matin je me suis occupé de la
désinfection. Je me suis bien promener
car la compagnie est complètement
dispersée. Je me suis appuyé une bonne
trotte.
.      Le secteur parait calme jusqu’a
présent. Seulement je ne m’y fie pas
de trop, c’est traitre par ici. Espé-
rons que tout se passera bien et que
les bôches nous ficherons la paix
.      Je ne vois rien autre à t’apprendre
pour aujourd’hui. Je vais aller couper
de l’herbe pour m’y coucher dessus au
lieu de coucher sur les paillassons pleins
de puces.
.      Au revoir Mamour à demain
qui je l’espère, m’apportera une de tes lettres
.        Embrasse bien notre petit diablo-
tin pour moi. tu peux croire que le
temps me dure de vous revoir, de pou-
voir vivre quelques jours tranquils près

 

 

Que cette séparation est longue … qu’elle nous fait donc souffrir.

Cette maudite guerre n’est pas finie.

Verso
de vous ; de goûter vos caresses et de pouvoir
vous prodiguer les miennes. Je suis si
bien, si heureux près de vous … hélas !
que cette séparation est longue … qu’elle nous
fait donc souffrir … Vivement … bien vive-
ment que ça finisse que nous soyons a
nouveau réunis pour toujours. Quel
bonheur serait le notre … que nous serions
donc heureux … Malheureusement cette
maudite guerre n’est pas finie … on  en vois
pas encore la fin … espérons qu’elle sera
plus tôt que ça ne parait.
.        Ton petit mari qui t’aime bien
ainsi que notre Zizou et qui pense à vous
constamment.
.        Je t’aime passionnément et t’em-
brasse bien fort et bien tendrement des
millions de fois sur tes yeux, ta bouche,
ton cou … partout. Souviens-toi ma
Jeannot des bois. Attends-moi …
.    Je n’aime que toi petite fenotte … rien
que toi … Je te bise comme pendant la
permission déjà si loin … comme autrefois
au bois …
.        Au revoir au plus tôt … Je suis très
très impatient.
.        Ton Simon entièrement à toi
pour toujours.
.                                    Collay

Je te renvoi deux de
tes lettres. Dis-moi quand tu les recevras.

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3 août 1918 : Verdun ou l’Argonne ; plutôt Verdun je pense.
6 septembre 1918 : me voilà encore arraché à notre vie commune.

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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