Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

  • Accueil
  • Le projet
    • Une rencontre, un projet
    • Démarche
  • Toutes les lettres
    • Correspondance Simon
    • Courrier Jeanne
    • Documents
  • Contact

10 mars 1917 : La censure est de plus en plus sévère.

10 mars 2017 Laisser un commentaire

L'initiale de chacun forme le monogramme

Jeanne, Zizou et Simon

Recto

Ce doit être bien embêtant pour toi pour faire la route.

Vous avez encore eu de la pluie

.      Samedi 10 mars 1917
( à gauche en vertical :
Je te renvoi une lettre et deux de tes
.         cartes. Fais savoir quand tu les recevras)
.              Ma bien-chère
.               petite fenotte

.    Je viens de lire avec beaucoup
de plaisir ta gentille carte du 7 de ce mois.
Je suis content que mes deux gosses chéries se
portent bien et que ta mère aille mieux.
.    Vous avez encore eu de la pluie : Ce
doit être bien embêtant pour toi pour faire
la route. Heureusement que tu as pû te

 

 

Verso

Je ne puis t’expliquer pourquoi.

Aujourd’hui nous sommes alertés

procurer une autre paire de caoutchou, sans
quoi tu aurais pris des bains de pieds qui
sont loin d’êtres hygiéniques. Il ne manquerait
plus que tu ressente les douleurs qui t’ont fait
souffrir l’année dernière. Tu n’as pas besoin
de çà. Il y a assez de misère autrement.
.   Tu me dis que ta mère trouve que la taille de
la vigne ne s’est pas faite dans les conditions.
espérons que la prochaine vendange ne sera
pas vilaine malgré que le travail laisse à dé-
sirer.
.      Notre Zizou est toujours bien diable et
sa langue est toujours bien longue. Tu dis qu’il
faudrait lui en couper un bon bout sans doute
pour l’empêcher de dire des sottises Espérons que
petit à petit la langue et la petite fille devien-
dront plus raisonnables. Certe ! elle serait bien
mieux à l’école où on l’habituerait un peu à obéir
et a être sage ; mais puisque ce n’est pas possible
ce n’est pas la peine d’en parler.
.      Pour moi rien de changé depuis hier. Je
me porte très bien. La nuit passée je ne suis pas
allé au traveaux et je crois bien que ce soir il
n’y en a pas. Aujourd’hui nous sommes alertés.
.     Je ne puis t’expliquer pourquoi. La censure
est de plus en plus sévère, ne nous exposons pas
à des sanctions qui pourraient êtres rigoureuses.
Que veux-tu, Mamie chérie la liberté est morte
de toutes façons. Je ne suis plus qu’un pauvre petit
pantin dans les mains des traites1  de ces messieurs
Et voilà deux ans et demi que ça dure et ce
n’est pas près de finir. Ces messieurs qui ne sont
pas au front sont de plus en plus patriotes et se sen-
te la force de tenir jusqu’au bout. Enfin ! rien
ne sert de récriminer, pauvre serf, soumet toi à la
volonté des puissants.
.        Aujourd’hui nous n’avons ni pluie ni
neige ; le temps est sombre mais il ne fait pas
trop froid. Ça a dégelé et avec toute la neige
qu’il y avait ça a fait énormément de boue.  On
patauge…
.     Une lettre du 1er février que j’avais écris au
Louis m’est revenue. Il a tellement déménagé de fois
ces jours passés que cette carte est sans doute d’autres,
ne lui sont pas parvenue.
.     Au revoir petite femme bien-aimée. J’espère
que ma lettre vous trouvera tous en parfaite santé.
.  Embrasse bien fort notre gamine pour son papa. Bien
le bonjour à ta mère, à ta grand-mère et à mes chers
parents quand tu les verras.
.     Ton petit homme qui ne cesse de penser à toi et
t’envoi ses plus douces caresses, ses plus tendres bisettes
souviens-toi les 7 nuits de la permission, bien courte
à notre gré, je t’adore ma Nonot, de tout mon cœur
plein de toi, de nos gentils souvenirs. Je t’aime de toute
mon âme et je t’embrasse bien fort sur tes lèvres, par-
tout ton cher visage. Souviens-toi. N’oubli pas.
.    Ton Simon tout à sa Jeannot des bois et pour
toujours…
.            Simon                    Collay

 

__________________________________________________________________________________

1 : les mains de traitre de ces messieurs

 

Vous pourriez aimer lire ...

Jeanne 9 mars 1917 : Le travail marche assez bien pour le moment.
Jeanne 11 mars 1917 : Je ne veux qu’une chose être libre

Vous voudriez me joindre ?

  • Vous avez des documents complémentaires?
  • Vous avez des questions?
  • Vous connaissez la famille de Simon?
  • Prenez contact avec moi !

Laissez votre message Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Ont participé à ce site, par ordre chronologique

- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
- Anne, documentaliste, en a saisi l'importance et l'exploitation possible
- Philippe, enseignant en histoire, s'est engagé à les publier, décrypter, analyser, et à faire les recherches nécessaires à leur compréhension et interprétation
- Aniki, photographe, a fait les photos
- Kristof et JP, ont créé et codé le site.
- Brigitte, retraitée de l'enseignement, joue au webmaster

Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

Liens amis

  • Finderskeepers.fr
  • Correspondance de poilus
  • Chtimiste.com
  • Raconte-moi 14-18

Copyright © 2014 Philippe Maret | Mentions Légales