Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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4 mai 1916 : Tu as eu peur du bruit que faisait un dirigeable

4 mai 2016 Laisser un commentaire

Recto

.             4 mai 1915
( en vertical à gauche :
Ne m’envoyez plus de lait concentré. Je suis comme
ma fille, je préfère le vin . Je te renvoi deux de tes lettres )

.          Ma Jeannot chérie

Ellle pourrait aller boire au tonneau.

Zizou aime beaucoup trop le vin.

.    J’ai reçu hier soir ta lettre du 30 écoulé
et je suis bien content d’apprendre que ma chère
petite femme va mieux, que son malaise n’a
rien été. J’ai reçu ce matin le colis que tu m’as
envoyé et qui contenait la viande cuite au four
et un fromage. Je me suis régalé avec cet espèce
de rôti, c’est épatant et ça m’a fait énormément
plaisir. Je t’en remerci beaucoup, c’est excellent
c’était en très bon état et de mon goût. Tu pour-
ras m’en envoyer plutôt que des boites de conser-
ves qui doivent revenir plus cher et qui ne
valent pas cela. Merci ma Jeannot.
.    Tu me dis que notre Zizou se porte toujours
à merveille mais qu’elle aime beaucoup trop
le vin. C’est très grave cette affaire, là il faut se
méfier et acheter un robinet à clef car elle
pourrait aller boire au tonneau. Quoique elle
n’en est pas encore là, du moins je le suppose

 

 

Verso

. Nous devons être relevés demain matin à la pointe du jour

Je vais toujours travailler
à la tranchée de première ligne

Ca lui passera bien. tu me fais savoir que les
photos ne sont pas encore prêtent je ne [savais pas]
encore que vous étiez allées chez le photographe [   ce ]
sera avec beaucoup de plaisir que je recevrai [une i-]
mage de mes deux chéries [car] j’espère bien que j’au-
rai la tienne aussi.
Tite femme : tu n’es pas [     ] la nuit il te faut
peu de chose pour te faire frayeur. Tu as eu peur
du bruit que faisait un dirigeable quand tu
t’es rendu compte que ce n’était  [       ] cru
que c’était un Zeppelin. Les boches ne sont pas
encore prêts à pouvoir survoler le département
de la Loire, ils y laisseraient beaucoup de plu-
mes avant d’y être. Tu me rappelle ma première
permission que du lit je bougeais la chaise avec
le pied. Tu as eu bien peur et j’étais assez embê-
té de t’avoir fait, bien involontairement, une telle
frayeur. On va plus que faire une seule qualité
de farine. Je ne crois pas que le pain soit mauvais
pour cela et il est même possible qu’il soit plus
nourrissant. Le gouvernement prend des précau-
tions ; s’il pouvait en prendre pour que cette
maudite guerre finisse vite. Je suis incrédule
et malgré ce que tu me dis j’ai bien peur que
l’hiver prochain nous soyons encore dans les
tranchées. Je me porte toujours bien. Rien
de changé par ici. Je vais toujours travailler
à la tranchée de première ligne. Plus ça va
plus ça bombarde, plus le secteur devient dan-
gereux. Nous devons être relevés demain ma-
tin à la pointe du jour. Mon camarade Cour-
tial est de nouveau aux cuisines. Je ne sais pas
si c’est définitivement ou provisoirement. Nous
conservons le beau temps, il fait même bien
chaud dans la journée. Au revoir petite femme
je m’ennui bien loin de toi et le temps me dure
de voir revenir notre vie commune, tout notre
bonheur. Que c’est long ! C’est à désespérer.
Mille bisettes au Zizou pour moi. Bien le
bonjour et bien des choses de ma part aux deux
grands-mères, à mes parents et frères, à toute
la famille que. J’espère que ma lettre vous trou-
vera tous en parfaite santé sans que rien de
facheux ne ce soit produit pour aucun de ceux
que j’aime. Je m’arrête de t’écrire car il faut
que j’aille travailler. Ton petit homme qui
t’adore de toutes ses forces et qui est bien im-
patient de te revoir. Je pense à toi continuelle-
ment. reçois mes plus douces caresses, mes
plus doux baisers. Souviens-toi de tout notre
bonheur passé. Songe qu’il peut revenir si
j’ai la chance jusqu’à bout d’échapper au
danger. Au revoir ma Jeannot rien qu’a
moi. je t’aime bien, bien et je t’em-
brasse bien fort sur ta bouche.
Comme autrefois. Souviens-toi !
Ton Simon tout à toi     Collay

 

___________________________________________________________________________

Cette lettre fait partie de celles qui sont fleuries. On constate que les vers l’ont attaquée mais cela ne gêne pas trop la lecture.

Nous avons buté à l’endroit où il ya des crochets,  page 2, 10ème ligne, on pense discerner le mot cru, il existe peut-être une expression locale…Si vous arrivez à nous la donner, nous sommes preneurs.

Un autre mot nous a posé problème, il est curieusement écrit, certaines syllabes et  le contexte nous ont  amené à « incrédule » Nous vous l’avons  extrait ci-dessous, vous pourrez ainsi vous faire une idée. Si vous constatez que nous nous sommes trompés, n’hésitez pas à nous le dire.

Mot difficile à lire sur la lettre du 4 mai 1916

Gros plan verso ligne 23

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1er mai 1916 : Nous vivrions pour nous, plus de politique, plus de sociétés
Jeanne 7 mai 1916 : Comme toi je suis bien lasse de cette séparation.

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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