Recto
. 19 Novembre 1917
. Bien chère petite fenotte
. Je viens de recevoir ta carte du
15 courant. C’est toujours avec beau-
coup de plaisir que je lis de bonnes
nouvelles de mes deux gosses chéries.
. Notre Zizou est toujours en bonne
santé, elle a bon appétit et est tou-
jours bien diable. Elle parle toujours
de son papa de la guerre qui ne vient
pas, elle veut venir me chercher. Si
elle pouvait avoir le pouvoir de me
faire revenir, de venir me chercher et
de m’emmener. Elle t’a chargé de
me biser pour elle ; seulement elle
ne comprend pas comment je le sau-
rai qu’elle me bise bien fort. Embrasse
la bien pour son papa et dis-lui que
je serais bien content de la revoir ;
que si je ne reviens pas c’est que cela
m’est impossible.
. Pour moi rien de nouveau depuis
hier. Je me porte toujours bien et je
Centre gauche
t’écris du même endroit qu’hier
Le bruit qui courait que nous se-
rions déménager ce soir n’était pas
fondé car il n’en est plus question.
. Ce matin de très bonne heure
toute la compagnie, sans exception
est parti aux traveaux. Moi je n’y
suis pas allé car j’étais chargé de la
désinfection du cantonnement avec
un autre de mes camarades. Demain
matin ce sera à moi d’y aller.
. Mamie chérie. Tu me dis que tu
as demandé pour les demandes de
sursis, on t’a dit qu’il ne fallait
que deux feuilles. Moi j’ais deman-
dé à Faure Philibert qui a fait sa
demande, il m’a dit qu’il en fallait
trois car il y a une feuille qui doit
aller à la mairie de Montbrison
si la demande était accordée. Il
faut que j’envoi les trois feuilles a
la fois à l’inspecteur dont Phili-
bert me donnera l’adresse. Je crois
que nous nous donnons du tracas
pour rien, je n’ais pas le moindre
espoir de réussite. Si tu crois que
c’est la peine d’essayer fais venir
une troisième feuille que tu me
renverras avec les deux autres quand
Zacco les aura signé et rempli les
demandes que j’avais laisser sans
réponse.
Centre droit
Tu me dis que Georges est rentré a
l’hôpital pour des furoncles sous les
pieds ; il m’avait écrit que c’était
aux cuisses qu’il avait des furoncles.
Ce me semble plus probable. Ça lui
fait l’occasion de rester quelques
jours de plus tranquils ; que ça le
tienne le plus longtemps tranquil
et à l’abri.
. Rien d’intéressant à t’apprendre
Nous avons toujours le même temps
souvent du brouillard le matin.
Il ne pleut pas c’est déjà beaucoup
Ici nous sommes assez bien logés.
Le secteur n’est toujours pas fa-
meux et ce n’est pas le rêve que
d’être en ligne par ici. Ça ne nous
dit rien de remonter aux avants-
postes. Nous ne savons toujours
pas quand nous déménagerons de
ce secteur ; le temps nous dure
bien pourtant. Le premier batail-
lon du régiment a eu pas mal d’é-
vaccués pour les gaz.
. Au revoir petite Jeannot
des bois. J’espère te relire demain
et avoir encore de bonnes nouvelles
de tous ceux que j’aime.
. Mille bisettes à notre Zizou
Bien le bonjour à tous nos chers
parents à qui tu diras bien
Verso
des choses de ma part.
A demain Mamour. Ton Si-
mon ne t’oubli pas un instant.
Je t’adore de toutes mes forces, de
tout mon cœur toujours aussi aimant
et plein de tendresse pour toi.
. Je t’embrasse bien tendrement
partout ta chère figure ; sur tes
lèvres, tes yeux, ton cou, partout
Souviens-toi ! N’oubli pas
Je t’adore et j’attend !
Mille millions de bien douces
caresses à ma Jeannot et à notre
gentille petite Zizou.
. Tout à toi pour toujours
. Simon Collay
Je te renvoi une de tes lettres
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