Recto
. 22 Novembre 1917
. Petite femme chérie
. Je viens de lire à l’instant ta lettre
du 18 courant. Je suis content de te
lire régulièrement et d’avoir de vos
bonnes nouvelles. Notre Zizi fait tou-
jours sont petit diable, elle court tou-
jours les rues malgré le froid ; aussi
elle a bon appétit. Tu me dis que vous
cassé un carreau de la fenêtre
de la chambre ; c’est bien embêtant.
Si la solution de Zizou était possible
ça irait encore . ce serait avec beau-
coup de plaisir que j’irais poser le
carreau. Malheureusement il n’y faut
pas songer.
. Je viens de recevoir une carte du
Georges. Il me dit qu’il s’attend a
sortir de l’hôpital et à passer les 48
heures de perm qui lui reste, parait-il.
Il ne désespère pas lui, il me dit qu’il
pense que la fin de la guerre n’est pas
loin ; s’il pouvait dire vrai. Il me dit
aussi qu’il comprend que j’en ais mare
moi qui y suis depuis début. Il termi-
ne en me disant de tâcher de me remon-
ter pour la paix qui n’est pas loin
Décidément il a beaucoup de confiance.
. Il m’apprend une grande nouvelle.
Figure toi que Claudia a accouché
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d’une autre fille. Il parait que ni mon
père, ni ma mère ne savaient qu’elle
était enceinte. Elle a appelé au milieu de
la nuit et ils ont été chercher la sage-
femme. Tout s’est bien passé et la mère
et la fille sont en parfaite santé. Mais
tout de même… c’est un peu violent
qu’elle est caché cela jusqu’à la fin. C’est
même idiot. Les voilà bien logés avec
deux filles, ils auront besoin de se débrouil-
ler.
J’ais aussi reçu une carte de mon on-
cle. Il me dit que mon oncle de la Cra-
ze a été bien malade mais qu’il va
mieux. Il me dit que la vie devient hor-
riblement chère ; que le charbon, le pétrole,
l’essence, les allumettes, tout manque
il me dit que mon père lui a remis
la photo, il me remerci et m’averti
qu’il m’a expédier un coli qui se
compose : d’un morceau de fourme,
trois chevrotons, un morceau de jambon
et une pochette correspondance.
. Pour moi rien de changé de-
puis hier. Je t’écris toujours du mê-
me endroit. Ce matin la compagnie
est allée aux traveaux, moi je suis
resté mais j’irai demain. Ça bom-
barde toujours par ici. Cette nuit
ça a tombé de l’eau ; aujourd’hui le
temps s’est amélioré.
. Pour le bruit de notre départ
en Italie, on vient de me dire que le
général Mordacq qui est attaché au
cabinet militaire de Clémenceau n’est
pas le notre, ce serait un parent à lui
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si cela est vrai, ce ne serait donc pas ma division
qui devait aller en Italie.
. Au revoir petite fenotte. Embrasse bien notre
gamine pour son papa qui voudrait bien aller
poser la vitre. Bien le bonjour pour moi à ta
mère, à chez moi, à toute la famille. Vivement
que j’ais le bonheur de tous vous revoir . J’attend
toujours avec de plus en plus d’impatience.
. A demain ma Jeannot des bois. Ton Simon
entièrement à toi, t’envoi ses plus douces ca-
resses et t’embrasse bien fort sur ta bouche
tes yeux, ton cou, partout. Souviens-toi …
attend-moi. Je t’adore et suis très impatient
. Ton petit mari Simon
. Collay
Vous savez bien vous amuser avec ta cousine. J’aurais bien
voulu te voir avec une figure de gugus. Mon père devait
. rien rire, il a du te chiner.
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