. 20 Novembre 1917
( en haut à gauche : A / demain /
je t’aime et / j’attend ! N’oubli pas /
Ton Simon tout à toi / Collay)
. Ma bien chère petite femme
. Deux mots seulement pour aujourd’hui
car je suis en retard pour t’écrire.
. Je viens de recevoir à l’instant ta lettre du 16
courant. Je suis content de vous savoir en bonne san-
té. Tu me dis que ton travail marche quelque peu
mais tu as froid car il n’y a sans doute pas de feu.
Tout marche pour nous contrarier.
. Je t’écris toujours du même endroit. Ce matin
à 5 heures ½ je suis parti au travail avec la com-
pagnie. Nous sommes revenus vers les 11 heures ½.
J’étais bien fatigué. Le boyau que nous creusions pas-
sait dans des trous d’obus à gaz ce qui fait que quand
il fallait piocher à ces endroits il fallait que nous
y mettions du chlorure de chaux pour neutraliser
l’effet des gaz. Le temps est froid, surtout aujour-
d’hui toute la journée j’ais eu les pieds à la glace
. Le grand bruit qui court pour le moment
est que nous partirions pour l’Italie. Nous
ne tarderons certainement pas d’être relevé de ce
secteur, peut-être dans une semaine. Après quoi
il faudrait s’attendre à partir là-bas. Il n’y au-
rait rien d’étonnant à ce que ce soit vrai car
je viens de lire ce qui suit dans le journal d’hier :
Le général Mordacq qui allait partir en Italie avec sa division
est nommé chef de cabinet militaire de monsieur Clémenceau.
Le général Mordacq est, ou plutôt était notre général
de division. Donc la division qui devait partir en Italie
est la notre. Ça m’ennui plutôt. Nous n’avons pas assez
de nous faire casser la gueule en France il faudra en-
core se la faire casser en Italie. Ça n’est pas près de fi-
nir, il y a de quoi désespérer.
. Tu me dis que tu ne pense pas que Georges reste
longtemps à l’hôpital. Certe avec la bande de curés et
de calotins qu’il y a dans cette boite ce n’est pas un
caractère libre comme mon frère qui peut être bien vu.
. Au revoir petite fenotte. Embrasse bien notre gentille
petite Zizou pour son papa. Bien le bonjour à toute la
famille. Bonne santé et bonne chance à tous. Vivement
la fin de ce cauchemard. Ton petit mari tout à sa Jeannot
des bois qu’il adore et qu’il embrasse bien fort sur sa bouche.
Laissez votre message