Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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13 novembre 1915 : Quand donc ce sera fini de faire de pareilles conneries ?

23 novembre 2015 Laisser un commentaire

Fleurs séchées

En-tête du 13/11/1915

 

 

Recto
. 13 Novembre 1915
( en vertical à gauche :
Aujourd’hui je n’ai pas reçu de lettre de
.                                                        toi

.                  Ma chérie
.            petite femme

Ils trouveront bien moyen de nous en faire faire un peu plus.

une marche de 25 kilomètres

.       Ce soir 12 courant je te commence
.    une lettre que je pourrai peut-être te
finir demain si nous ne rentrons pas trop tard
de la marche. Ce soir nous sommes arrivés de bonne
heure. Rien d’intéressant à te faire savoir.
Demain matin nous devons partir à 6h1/2 pour
une marche de 25 kilomètres, ils trouveront bien moyen de
nous en faire faire un peu plus. Il pleut assez forte-
ment et par intermittences, il fait beaucoup de
vent. Je crois que demain nous n’arriverons pas
secs. Je vais aller me coucher car je suis assez fatigué
et il faut se reposer pour demain. Bonsoir ma
mie des bois, ma Jeannot aimée. Je t’adore et
je t’embrasse bien tendrement sur tes lèvres ; mille
bisettes à mademoiselle Zizou notre gentille gamine
je pense à vous toujours et nos beaux jours, nos heu-
reux instants de bonheur me reviennent souvent
à l’esprit. Je t’aime ! bien…bien…bien ma
petite femme. Impatiemment j’attend l’heureux
jour qui nous réunira. Bonne nuit ! pense a
ton Simon qui languit loin de toi. Je t’aime !
à demain. J’espère que je pourrai te lire
Centre gauche
.                13 novembre
Nous arrivons de la marche il est 2h1/2. Nous
sommes partis ce matin à 7h. En partant nous
n’avions que du vent sans pluie ; puis l’eau est
venue et le vent nous la collait au visage ; très
vilain temps ; heureusement que la pluie s’est
arrêtée et nous rentrons pas trop mouillés. La
marche a été assez dure, nous avons fait large-
ment 25k et il ne faisait pas bon marcher
dans la boue qui se collait à nos godasses. J’ai
bien peiné car j’ai une cheville qui me fait
mal j’ai boité tout le long de la marche.
J’en ai mare ! Quand donc ce sera fini de faire
de pareilles conneries. Que de bêtises tout de
même. Si seulement ça servait à quelque chose.
Ma petite femme : on vient de me remettre
ta lettre du 9 courant et je suis très content de
savoir que tous vous vous maintenez en bonne
santé et que notre petite Zizou grandit toujours
bien et remue à tenant ses petites jambes.
Je n’ai pas reçu ta lettre du 8 peut-être
que je l’aurai demain. La correspondance
est si bizarre. Tu me dis que tu veux
aller voir du travail à l’usine de la route
nouvelle. Tu vois ce que tu as à faire. Je ne
sait que te dire. Qu’elle vie tout de même.
Tiens moi au courant de votre vie. Ne te
prive pas trop pour m’envoyer. La nourriture
ne s’est pas améliorée. Autrefois nous avions 1 quart
et demi de vin par repas. à présent nous n’en tou-

 

Si seulement ça servait à quelque chose

J’ai boité tout le long de la marche

centre droit

chons pas un quart par jour, nous n’en n’avons
pas eu pour faire la marche, peut-être en
aurons nous un quart ce soir. Il faut toujours
avoir nos sous à la main. Ils ont fini par nous
donner nos 5 sous de solde avec le retard ça n’est
pas malheureux ; la solde augmente mais l’ordi-
naire diminu. J’ai reçu une lettre de mon
oncle il ne me dit pas grand-chose et m’envoi
5f je crois qu’l m’a expédié un colis
Hier j’ai reçu une carte de mon frère Louis
Il se porte toujours bien. il s’attend à changer
de patelin et me charge de bien t’envoyer le
bonjour et mille baisers au Zizou.
Pas moyen d’avoir un moment de tranquilité
Nous arrivons il faut se mettre à se nettoyer,
graisser les souliers, fourbir les armes, brosser
les effets. Quelle vie nom de Dieu ! ah la
la. Quand donc que ça finira. Nous som-
mes menés comme des forçats et moins bien
pourvus que des cochons car ceux-ci on leur
donne suffisamment à manger pour qu’ils
engraissent . Plus ça va plus les officiers
sont arrogants, brutes et stupides à présent
ils se plaisent à infliger des jours de prisons
car ça entraine la suppression de la solde
pendant la punition. Ils ne savent pas
comment faire pour se faire haïr, ils ne
savent pas comment nous user. Je suis certain
que si l’Allemagne venait à être battue,
que le militarisme français remplacera le
militarisme allemand. Si toutefois le peuple

Verso

Comme les jours sont courts quand l’on est heureux

Mon pied me fait assez mal

se laisse toujours mener comme à présent.
Qui vivra verra ! Attendons ! Espérons.
Je prend froid. Je vais me mettre au travail
pour me reposer. mon pied me fait assez mal,
heureusement que demain on nous foutera un
peu la paix : du moins je l’espère.
Au revoir ma Jeannot ! Ton petit
homme pense à toi toujours et t’aime de
toute son âme. Jeannot Zizou : ce sont les
deux noms qu’il me plait de répéter souvent
mentalement. Où sont-ils nos beaux jours
d’autrefois, comme ils sont loi déjà. Et
les 7 jours de permission. Je ne puis me figurer
que j’ai passé 7 jours près de vous, comme
les jours sont courts quand l’on est heureux
qu’ils sont longs loin de mes deux gosses ché
ries. Je t’embrasse bien fort petite femme
bien fort sur tes lèvres. Mille bisettes à notre
gamine. Bien des choses à chez moi et a
chez toi. Bonne santé à tous et vivement
la fin de cette horrible guerre si cruelle pour
les pauvres gens. Je t’aime ! J’attend !
Un million de baisers et mes meilleures
caresses à ce que j’ai de plus cher au
monde : Jeannot Zizou.
.     Ton Simon à toi et pour toujours
Bonjour de mes         Collay           à demain
camarades

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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